Systématiquement débile mais toujours inattendu

Avertissement : Le lecteur averti aura reconnu dans le titre une citation de Kaamelott mais attention, nous ne ferons pas ici l’éloge de la chevalerie, il s’agira simplement de rendre hommage à Perceval et Karadoc en louant les charmes toujours ironiques de nos rencards….

Une voix de femme enjouée mais consternée annonce à ses amies « Systématiquement débile mais toujours inattendu ! ». Il s’agit du code d’alerte pour partager les dernières invraisemblances et autres mésaventures saugrenues émanant des hommes qui croisent nos vies. La liste est infinie et au moment où j’écris elle continue à s’étendre de façon exponentielle car ces individus dans leurs bizarreries, peurs et incompréhensions continuent de fabriquer de l’inattendu…. Je vais donc me contenter de quelques exemples…

L’agent secret
A ce jour le mystère reste entier et l’anonymat va auréoler le héros de cette débilité là. Il s’agit d’un cas de ghosting traditionnel, l’homme ne donne soudainement plus signe de vie sans la moindre explication mais resurgit subtilement un an plus tard en likant de façon frénétique les photos facebook de la jeune femme précédemment ghostée. Celle-ci se permet de lui faire remarquer l’invraisemblance de la réapparition et là, le ténébreux espion sort le grand jeu : il a disparu pour la préserver, il ne pouvait pas l’exposer à des risques d’une ampleur phénoménale et évidemment, il ne peut pas en dire plus sous réserve de se faire exécuter par les services secrets de son Etat ou d’une nation ennemie. Conclusion la plus probable : ce pauvre homme était tout simplement en couple et plutôt que de révéler la vérité à sa « maîtresse » ou de risquer le courroux de sa « légitime », il s’est courageusement drapé dans le silence et le mensonge grossier….

Le « kéké » à petits chiens
L’homme en question rencontré sur un site a une conversation par écrit étonnamment intelligible, il est cultivé, et semble vraiment sortir du conformisme de la pensée ambiante. C’est donc intriguée que la femme qui dialogue avec lui se rend à son premier rendez-vous. Et là, stupeur, elle voit sortir d’une voiture une caricature de la mode méditerranéenne la plus clinquante : un jean slim (alors qu’elle réclame leur interdiction par arrêté préfectoral depuis bien longtemps), un marcel rouge au logo d’une marque chantre du capitalisme, des bijoux bling bling en or au cou et aux poignets, et clou du spectacle, deux yorkshires en laisse… Se mordant frénétiquement les lèvres pour ne pas éclater de rire, notre courageuse amie passe une soirée qui s’avère délicieuse mais totalement schizophrénique : la conversation est haut de gamme mais de temps en temps, le fou rire intérieur revient car le contraste entre le fond et la forme de son interlocuteur est incroyablement brutal. Conclusion la plus probable : cet homme n’assume pas sa passion pour Dalida et Orlando.

Le passionné de mode et travaux
Au moment où a lieu la rencontre, la jeune femme est en plein travaux dans son nouvel appartement et le jeune homme a fini les siens récemment. Un point commun qui semble très banal mais va vite devenir préoccupant. En effet, après quelques rendez-vous, somme toute assez sympathiques, les échanges par message deviennent plus épisodiques et, du fait, du bricoleur du dimanche tournent toujours autour des travaux. Quand il s’agit de donner ses disponibilités ou d’évoquer d’aller à un événement culturel, il biaise, se passionne pour le parquet flottant et sa fabuleuse avancée dans le salon de la belle, s’extasie sur l’installation de la cuisine en kit en réclamant avec concupiscence des photos. Il relance de lui même la conversation (à défaut de le faire pour la relation) en s’inquiétant du périlleux ragréage des chambres et de l’installation imminente des luminaires. L’appartement sera très fonctionnel et très cosy mais il ne le verra jamais de ses yeux car il restera hermétique à tout autre sujet ou possibilité de revoyure. Conclusion la plus probable : cet homme est un fétichiste du BTP…

Le gentleman couillu
Il était une fois un homme qui passait une soirée galante avec une jolie fille. La dite princesse étant malheureusement indisposée, ils se contentèrent de se compter fleurette, de boire, de rire, de badiner avec leurs doigts et avec leurs lèvres (car la noble jeune femme ne voulant pas frustrer son promis, lui offrit quelques compensations). Ils s’endormirent ensuite tendrement… Quelques heures plus tard, elle était seule dans son grand lit et pas de trace de l’homme enfui, ni post-it, ni texto… Elle s’empressa donc de lui envoyer un message et reçu une réponse d’un lyrisme ébouriffant « Je suis parti, je pouvais pas dormir, j’avais trop mal aux couilles ». Conclusion la plus probable : la poésie est certes morte mais l’esprit pratique également car ce piètre charmant aurait pu aller s’astiquer le sceptre dans la salle de bain pour soulager ses testicules en souffrance.

Le poète et la ménagère
Un écrivain à la longue chevelure échange des œillades à la terrasse d’un bar avec une féministe en goguette. S’en suit l’échange de numéros avec la promesse de se revoir pour échanger sur la littérature. Le rendez-vous arrive et il est artistiquement à la hauteur, chacun évoque ses engouements, son parcours… La féministe qui a finalement choisi la friendzone et qui est égayée par quelques bières avoue avec franchise au poète son admiration pour Sartre et Beauvoir, leurs œuvres respectives mais aussi leurs vies et leur couple libre. Son interlocuteur acquiesce mais ne rajoute rien. Chacun se sépare et quelques jours après, la féministe reçoit un message piteux du poète évoquant sa honte de l’avoir croisée la veille alors qu’il était avec « sa petite famille », le couard est penaud car il lui a menti. La féministe n’a pas vu qu’il l’avait vue (car elle était avec son nouveau rencart) mais trouve ce message pathétique. Conclusion la plus probable : Les muses ont pris un coup dans l’aile, le poète empêtré dans son quotidien ménager a eu peur d’affronter la liberté échevelée.

Je pourrais aussi vous parler du sociopathe adultère, de l'esclave dévoué, du pourvoyeur de self-dick, du puma incestueux mais tout ceci fera l'objet d'une chronique ultérieure...

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©CaroleDarkshaw2020

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