La métonymie : Quand une figure de style s’immisce dans les rencards

Avertissement : L’article qui suit est parfaitement frivole et plein de jugements hâtifs. Si le ricanement gratuit et méchant ne vous divertit pas, fuyez !

Un phénomène étrange a été observé au cours des conversations entre filles évoquant leurs rencards potentiels, leurs amants passés et leurs copains du moment… En effet soudainement, certains hommes ont muté, se sont transformés… Ils sont devenus « la sandalette », « le sympa », « la demi molle », « le facho », « malléole à l’air » etc… Vous me direz que c’est déjà mieux que le vocable « l’autre connard » trop usité de nos jours et renvoyant à une telle multiplicité de personnes que nous serions bien incapables de savoir qui il désigne.

Mais revenons à notre métonymie, la figure de style qui consiste à désigner le tout par une de ses parties et illustrons nos propos par des séquences vécues en immersion…

Il existe des filles au mental très puissant, à la volonté farouche qui ont ainsi réussi à ne pas s’attarder sur des chaussures alors que depuis l’invention de la psychanalyse, tout le monde sait qu’elles révèlent l’entière personnalité de leur propriétaires. Elles ont bravé leur morale et le bon goût pour s’afficher aux bras de jeunes hommes à l’esthétique douteuse. Ainsi, l’une s’est baladée en ville, un samedi soir d’apéro alors qu’une foule nombreuse s’attardait en terrasse, avec « sandalettes » un homme les orteils à l’air dans des spartiates que n’aurait pas reniées Jésus Christ lui-même. Et il n’avait pas la moindre excuse, ce n’était pas un touriste allemand en goguette et aucun troupeau de chèvres ne broutait sous sa surveillance. Une autre a entretenu une relation avec « chaussures pointues », un homme qui portaient des chaussures en cuir tellement effilées que Bozzo le clown se pâmait d’envie et qu’elle craignait toujours, lors de déambulations en ville qu’un bichon maltais ou autre créature ras motte ne se retrouve embroché sur lesdits souliers. Le partenaire en question pensait avec candeur qu’il s’agissait de chic à l’italienne insultant par cette erreur d’appréciation grossière le pays entier et son sens de l’élégance. Par souci de tempérance, je passerai sous silence les aventures avec « runner » qui portait des chaussures de course en ville ou un parisien de moins de 82 ans qui s’affichait avec des espadrilles en Provence…

Autre écueil fréquemment abordé dans les cénacles féminins, l’accessoire infamant : nous nous arrêterons sur deux exemples douloureux : la sacoche et la gourmette . Rappelons pour les plus profanes d’entre nous que la sacoche est déjà une innovation sociétale, la preuve de l’évolution de l’homme car elle remplace le baise-en-ville (un nom gracieux et élégant, à l’image de ce bien bel objet) ou la banane (au nom tout aussi évocateur et phallique) qui ont pollué tout le 20ème siècle (de façon bien plus violente que le diesel ou les gaz de schiste). Toutefois, malgré un progrès sensible, son utilisation reste soumise à négociation, il reste choquant de voir un homme affublé de cette lanière et de son appendice en cuir ou tissu, ersatz de sac-à-main. Quant à la gourmette, venue elle aussi d’une époque révolue, les années 90, elle attirera votre attention par son clinquant (car il lui arrive de buter contre une montre en plastique qui est une de ses partenaires de prédilection). Mais la situation peut toujours empirer, j’ai moi même vécu un choc d’une extrême violence récemment quand mon rencard est arrivé avec un combo improbable, auquel, même dans mes pires cauchemars, je n’aurais pas osé songer : un trio gourmette, chaîne, chevalière, le tout parfaitement assorti. Mon sang froid légendaire m’a heureusement permis de réprimer ma nausée, pour ne pas réagir et m’adresser à cet individu de façon courtoise.

Enfin, nous terminerons par des focus, nous citerons cette fois en exemple « malléole à l’air », « le RPR » ou « téton qui pointe ». Le 1er exemple parlera aux plus jeunes d’entre vous qui fréquentent des hommes à la cheville dénudée, qu’il pleuve, vente ou que des météorites bombardent notre planète. Le petit jean’s skinny retroussé dévoile toujours habilement la cheville. L’homme se transforme aussitôt en écolier en culotte courte (un modèle érotique puissant pour toutes celles qui envisagent un mariage à la Brigitte M.) ou en pêcheur du dimanche contraint de traverser une rivière en crue. Le deuxième exemple parlera aux plus vieux d’entre vous, dans sa première acceptation le RPR désigne un parti politique éteint depuis des années (ses descendants actuels sont les partis de droite) et dans nos investigations métonymiques, il désigne un homme à la garde robe tellement austère et endimanchée qu’elle ferait passer certains jésuites pour des télé-tubbies. Quant à « téton qui pointe », il s’agit d’une malencontreuse erreur de jugement du dit téton qui se mit à pointer vigoureusement lorsqu’il croisa, non pas la jeune femme impliquée dans sa parade nuptiale mais un de ses amis, robuste gaillard trentenaire doté de poil aux visage.

En conclusion, l’homme n’est certes pas qu’un objet mais la vigilance s’impose quant à sa manière de se tenir ou d’acheter et de porter certains objets afin de ne pas faire pleurer des larmes de sang aux femmes douces et indulgentes que nous sommes.

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©CaroleDarkshaw2020

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