Les morues et autres grossiers personnages féminins….

Avertissement: Si vous pensez arriver au rayon poissonnerie, vous n’avez pas tout à fait tort, vous trouverez de la rascasse, des yeux et des ouïes pas très fraîches, et le tout passe parfois à la casserole mais il s’agira bien de créatures terrestres parmi les moins reluisantes de notre espèce.

Les goujats en ont pris plein le museau dans mon précédent article et je réalise qu’il serait de bon ton de retourner la politesse à leurs homologues féminins. Car cette chère et regrettée Olympe de Gouges a écrit la Déclaration des Droits de la Femme, et selon moi, il y en a un, imprescriptible, celui de l’égalité dans tous les domaines, y compris celui de la médiocrité, de la grossièreté, de l’égocentrisme. Car la femme et l’homme sont avant tout des individus dont l’existence précède l’essence et c’est à chacun de construire son identité qu’elle soit élégante ou rampante.

La première anecdote revient sur un cliché qui a malheureusement encore de beaux jours devant lui : la vénalité! Deux jeunes femmes sont attablées dans un bar animé mais n’ont pas grand chose à se dire (elles patientent en attendant une connaissance commune) alors la plus loquace tente la question bateau des conversations féminines depuis le premier trimestre de collège. Elle emploie un vocabulaire simple et facilement accessible pour son interlocutrice qu’elle sait peu portée sur les fioritures de la langue française : « C’est quoi ton style de mec? ». Et là, une voix gouailleuse digne des caniveaux des bas fonds parisiens du début du 19ème siècle lui répond un laconique : « la bagnole ». Les explications suivantes seront tout aussi salissantes que la première interjection, la jeune femme en question s’intéresse à un homme seulement si sa voiture affiche des signes d’ostentation : une décapotable, de gros chevaux mugissants, une marque bling-bling sont indispensables. Elle ajoute qu’elle est dans l’impossibilité de sortir avec un homme, aussi beau et sympathique soit-il s’il a le mauvais goût de rouler en 205. Un bien bel exemple qui poussera notre fétichiste de l’automobile à rayer toute la peinture du véhicule de son homme lorsqu’il la larguera pour une créature à la carrosserie plus avantageuse.

Notre seconde anecdote se passe à nouveau dans un lit, le théâtre de nombreuses opérations dans le domaine qui anime ce blog. Un homme trentenaire vient de s’adonner à une partie de jambes en l’air avec une femme qu’il voit depuis quelques semaines. Il est plutôt du genre timide et n’a pas un tableau de chasse très garni alors que sa partenaire est plutôt extravertie et a déjà folâtré avec quelques partenaires. La relation entre eux est fluide, agréable, joueuse, tendre et loquace, il est donc à l’aise, en confiance et heureux de ce moment partagé. Il ne pense alors qu’à apprécier la détente post-coït et se penche vers sa partenaire pour un tendre baiser. Il est interrompu dans son élan par une petite main ferme qui vient lui tapoter la joue et une voix faussement enjouée qui lui dit « ‘t’inquiète pas, tu vas t’améliorer ». La rustre donneuse de leçon interrogée par la suite nous dira qu’elle croyait bien faire et qu’elle avait pris la langueur de son amant pour un air penaud, elle pensait le rassurer avec la promesse implicite de lui apprendre la vie sexuelle. Malheureusement, cette phrase castratrice et infantilisante résonna quelques temps aux oreilles de notre doux héros malmené par une femme qui aurait mieux fait de tourner 7 fois sa langue dans sa bouche ou autour d’un objet érectile avant de parler…

Pour notre troisième anecdote nous restons en position horizontale, même si ici, le confort sera loin d’être optimal… Notre protagoniste retourne chez une femme avec qui il a passé un délicieux moment il y a quelques jours, ils sont jeunes, fougueux, ils décident donc de remettre le couvert et glissent ardemment sous les draps… Ils s’empoignent, se lèchent, s’enlacent, les coussins volent, les couvertures s’éclipsent et notre amant en action sent quelque chose qui lui pique les fesses! Il tend une main prudente et ramène un emballage vide de préservatif… Il le montre à la jeune femme qui le regarde sans gène excessive, sans autre rouge aux joues que celui de feu l’excitation et qui n’en nie pas l’utilisation toute récente… Si nous louons sa capacité à se protéger des maladies infectantes et de la transmission de ses mauvaises habitudes à une éventuelle progéniture, nous ne pouvons que déplorer son manque d’hygiène et de courtoisie. Sans être une desperate housewife obsessionnelle, changer une paire de draps et prendre une douche, est un minimum vital entre deux gaudrioles. Apparemment, ce n’était pas un avis partagé par notre morue désalée mais non désolée. Notre héros fit donc le ménage lui-même et repartit sain et sauf, sans gale et sans gaule…

En bref, même s’il est bon de se débrider, de se lâcher et d’exulter avec nos partenaires, ce n’est pas un archaïsme ou une ringardise d’observer quelques règles de bienséance et je vais peut-être me lancer dans l’écriture d’un manuel de savoir-vivre à l’usage des amants…

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©CaroleDarkshaw2020

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