Moche, grosse, bizarre : La ronde des complexes

Avertissement : Que celle qui n’a jamais complexé me jette le premier pot de pâte à tartiner! Si vous vous attendez à des atermoiements sur les injonctions faites au corps des femmes par les aléas sociétaux et l’histoire, ce ne sera pas tout à fait ça, mais plutôt une ode au changement de perspectives!

Et oui, c’est un cliché qui a la vie dure et même la vie éternelle, les femmes sont pleines de complexes. Les déformations mentales, les modèles imposés aux corps par les époques successives perturbent même les plus aguerries d’entre nous. Le miroir devient un ennemi assoiffé d’horreur et de dégoût, la balance est une pourvoyeuse d’insultes dès qu’on a le malheur d’y poser le bout timide d’un pied et le regard des autres vous donne l’impression d’être une sorcière devant un tribunal de l’inquisition.

Car les complexes peuvent se nicher partout, notre œil avide (ou masochiste) débusque de prétendues imperfections partout. Je pense à celles qui bloquent sur des oreilles assez éloignées de celles de Dumbo et cachées par une belle chevelure, aux autres qui couvrent des mollets jugés trop blancs alors qu’ils sont juste en manque d’air frais ou qui traquent de la cellulite pourtant assez discrète sur de jolies cuisses rebondies.

Au lit, dans la nudité la plus totale, le cauchemar bat son plein. Certaines vont y penser avec obsession pendant l’action et s’interdire certaines positions, certaines luminosités car leur imaginaire apocalyptique va imaginer l’angle de vue de leur partenaire : en amazone, il ne pourra pas rater un ventre replet qui menace de s’effondrer sur lui ; en levrette, il va vouloir claquer de la fesse et ça peut sonner faux voir faire un plat dissonant par manque de fermeté ; la lumière de la salle de bain est si crue et cruelle qu’elle va tout souligner et renvoyer à l’infini votre reflet inhibé dans les miroirs et carreaux etc… Du coup, le moment qui aurait du être consacré au lâché prise et au plaisir sera laborieux et entaché de fausseté et de pensées parasites au détriment des deux partenaires.

D’autres, les plus animales ou les plus bourrées d’entre nous parviennent à oublier l’esthétique pour se concentrer sur leurs sensations et leurs extases mais elles ne sont pas pour autant épargnées par les persécutions mentales : l’after sex va être beaucoup plus compliqué… Comment aller aux toilettes ou chercher nonchalamment un verre d’eau quand on imagine le regard scrutateur de l’amant sur nos fesses prétendument ravagées par les tranchées de la peau d’orange, qui se dirigent en tremblant vers la porte? Il est toujours possible de se draper dignement dans un drap façon Rome antique, mais outre le manque de naturel, il y a le risque de se prendre les pieds dans le-dit drap et de finir certes couverte d’étoffe mais aussi de ridicule.

Comment faire face à tout ça? J’aurais simplement deux propositions de pur bon sens. La première consiste à savoir que la grande majorité de vos partenaires n’a pas votre méchanceté pointilleuse. S’il est là c’est de son plein grès (sauf si vous êtes une sociopathe et/ou qu’il a un syndrome de Stockholm mais statistiquement, c’est assez rare) et s’il regarde vos fesses qui sortent du lit, ce sera plutôt avec gourmandise, contentement, la fierté de leur avoir fait honneur quelques minutes auparavant. Votre gêne peut même être contre-productive car c’est elle qui risque de briser son état de grâce et de l’alerter sur un micro-défaut qu’il ignorait jusque là. Alors à défaut d’en être convaincue, jouez au moins le jeu, redressez la tête et les épaules et faites semblant d’être glorieuse et sûre de vous dans votre nudité promenante.

La deuxième proposition est celle du travelling arrière. Vous faites un focus sur vos défauts : mes seins trop petits et mes épaules trop larges et vous pensez que chaque personne qui vous croise voit arriver une étrange créature constituée d’un cintre immense avec deux petits grelots accrochés! Que nenni, ils voient un être humain dans sa globalité et cela comprend ce qui va bien : vos beaux yeux, votre style singulier, votre démarche chaloupée, vos longues jambes etc…

Pour conclure, je finirai sur un exemple très concret. Une femme qui a de petits seins, des hanches voluptueuses et un ventre rond et dodu se rapproche beaucoup du corps d’une déesse grecque, celui des statues de marbre dans les musées, et je décrète que cela leur donne le droit absolu de revendiquer sans l’ombre d’un complexe un homme avec un corps d’Apollon ou autre Dieu du panthéon grec…. C’est à vous : faites vos revendications !!!!

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©CaroleDarkshaw2020

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